13/09/2019 - Portraits
Christophe Ameeuw
Écaussinnes International
A la tête des Écuries d’Écaussinnes et d’Equestrian Events Management (EEM) dans le Brabant wallon, le Belge Christophe Ameeuw est l’organisateur de concours à Paris, Hong Kong et New York. Ses nouveaux projets ont pour nom Lausanne, Riders Lab et The Auction. Rencontre.
Enfant de la ville – il est né à Schaerbeek en 1968 -, Christophe Ameeuw a rapidement été fasciné par les chevaux. Ses parents l’ont fait monter très jeune, et tout petit déjà, ils l’emmenaient chaque année au Jumping de Bruxelles. Cette manifestation réunissait alors aux Heysel, les grandes familles du pays devant les meilleurs chevaux et cavaliers de la planète. Ce sont les Nelson Pessoa et Eric Wauters de l’époque qui lui ont donné le goût du cheval et des concours de saut (voir encadré sur le Jumping de Bruxelles dans la version en ligne).
Une nouvelle terre
Christophe avait à peine 5 ans quand ses parents quittent la capitale pour s’installer à Écaussinnes. Non, loin de son nouveau domicile, Christophe trouve une petite écurie où il continuera à monter. Il y obtiendra plus tard quelques leçons d’équitation en échange de jobs d’étudiant.
Cette petite écurie, Ameeuw l’a rachetée des années plus tard, pour la transformer en un domaine géant pourvu d’une infrastructure de pointe. Il en a fait ainsi, un lieu devenu incontournable aujourd’hui dans le monde du sport équestre international.
Parallèlement, l’homme s’est lancé dans l’organisation de concours. Aujourd’hui, la série de concours des Longines Masters de Paris, Hong Kong et New York, c’est lui. Et depuis juin 2019 Lausanne est une nouvelle ville-étape de cette série.
« Le nouveau Longines Masters de Lausanne s’est tenu du 20 au 23 juin derniers sur les rives du Lac Léman où siègent non moins de 50 organisations sportives internationales dont la Fédération équestre internationale (FEI) et le Comité international Olympique (CIO). La Série des Longines Masters s’enrichit d’une quatrième étape, et transpose son concept ‘signature’ ‘en extérieur, avec comme décor le cadre idyllique des rives du Lac Léman. »
Hussard – D’où vient votre passion pour aller toujours plus en avant dans l’organisation d’événements équestres ?
Christophe Ameeuw - J’ai toujours eu de grandes ambitions pour changer les mentalités dans notre sport en créant des séries. Et j’ai toujours investi dans mes rêves d’un Show Jumping de haut niveau pour plaire aux médias et au grand public, afin d’attirer les sponsors et de leur assurer un retour sur investissement. IMG-McCormack a été une société inspiratrice à ce niveau. McCormack avait eu l’idée d’organiser des événements, de s’occuper de leur médiatisation, de nourrir une nouvelle génération avec des ambassadeurs de ses événements, et d’ainsi boucler la boucle. Je ne veux pas organiser trop d’événements, mais suffisamment – tous les deux mois par exemple - pour offrir une communication à 360° toute l’année : à Paris on parle ainsi de Hong Kong, à Hong Kong, on parle de New York, à New York on parle de Lausanne, etc. Et on en parle en incluant les partenaires et les villes qui travaillent avec nous, toute l’année durant. Pour cette communication, nous devons assurer le développement d’un réseau TV, être présents avec les outils numériques des réseaux sociaux et développer tout cela dans le temps. Du travail sur la planche donc, car ce concept doit convenir pour l’Europe, pour l’Asie et aussi pour l’Amérique.
Comment assurez-vous la pérennité de vos événements ?
De plusieurs manières. Une nouvelle initiative dans ce domaine est par exemple la création d’un Riders Lab. Un laboratoire qui forme les cavaliers et les chevaux de demain. Grâce à un programme dédié lors de nos événements, de jeunes cavaliers sélectionnés par un chef d’équipe renommé, une personne de mon comité et la Fédération internationale, pourront ainsi participer à des épreuves d’un niveau cinq étoiles auxquelles ils ne peuvent jamais participer ailleurs.
A Lausanne, une sélection de jeunes talents a ainsi été invitée à participer au Longines Masters aux côté des meilleurs cavaliers et chevaux de la planète. Les Belges Pieter Clemens et Arnaud Doem, le Suisse Bryan Balsinger, les Français Edward Levy, Alexandra Paillot et Agathe Vacher, l’Italien Filipo Marco Bologni, l’Allemand Marcel Marschall, le Néerlandais Jurre Van Bommel et la Japonaise Hikari Yoshizawa y ont porté l’étendard de ce « Riders Lab » sur le Masters One Ville de Lausanne 1,55 m.
Suffit-il de présenter des jeunes cavaliers prometteurs pour attirer un nouveau public d’année en année ?
Notre souhait a toujours été de continuer à mettre en avant le saut d’obstacles sur la scène équestre internationale existante, mais aussi de toucher un public nouveau aux quatre coins du globe. L’avenir de ce sport réside en partie dans la création de nouvelles icônes pour la jeune génération de passionnés d’équitation. EEM a donc créé ce « Riders Lab » pour soutenir, former et permettre aux meilleurs des jeunes cavaliers de concourir lors des plus belles compétitions. Nous pouvons leur apprendre à chercher des sponsors, à manager leurs agents pour gérer leur carrière sportive et leur image, à s’exprimer correctement devant un micro ou une caméra et devenir ainsi à terme des ambassadeurs de notre sport, de nos sponsors et de nos événements.
Des jeunes cavaliers, acteurs sur le parcours mais aussi ailleurs, donc…
Avec ce Riders Lab nous créerons une sorte de star system du futur avec les acteurs principaux de notre sport. A la fois pour eux-mêmes, le public, les sponsors et notre sport en général. Les tribunes ne se remplissent jamais d’elles-mêmes. Il faut faire le nécessaire pour communiquer tout l’attrait de notre sport au plus grand nombre. L’objectif est d’investir à long terme dans une nouvelle génération pour assurer une pérennité à tout ce que nous avons construit sur le plan événementiel. Ce programme est mis sur pied avec les équipes d’EEM et avec des professionnels de notre sport, mais aussi d’autres sports pour élargir les expériences. On place ces jeunes sous les projecteurs. Toutes les équipes d’EEM les accompagnent pour qu’ils s’expriment correctement devant les médias. Et si jamais des sponsors se présentent, on leur apprend à bien se vendre à ces sponsors et à négocier avec eux. Et nous devons veiller à produire une nouvelle génération attractive pour notre sport.
Vous soulignez l’importance des cavaliers, mais il y a les chevaux aussi…
L’écurie reste très active à Écaussinnes. C’est elle qui est le cœur de notre activité familiale et artisanale avec les cavaliers et les chevaux. La comparaison avec un vin et son vignoble tient la route : le client final d’un vin d’exception a toujours envie de visiter un jour le château lié au vignoble qui l’a produit, car c’est l’âme du produit… C’est pareil pour nous.
Les Écuries d’Écaussinnes resteront l’entreprise familiale et le berceau de notre activité, de nos produits chevaux, de notre élevage, de nos master classes, etc. J’aime les chevaux, c’est ma passion. Et là aussi nous allons nous développer : plus d’étalons, plus de produits. Les Écuries d’Écaussinnes, ce sont mes racines.
Le champion olympique canadien Éric Lamaze est installé à Écaussinnes depuis trois ans avec 50 chevaux mais il y a aussi d’autres cavaliers présents. Et en plus, mes enfants aiment les chevaux. Cette écurie est leur royaume. Ma fille Louise est d’ailleurs devenue tout récemment vice-championne de Belgique dans sa catégorie… L’amour du cheval reste la base de tout.
Vous avez récemment lancé une nouvelle initiative axée sur la vente des meilleurs chevaux…
Oui, un nouveau concept dénommé The Auction en collaboration avec la Maison de ventes aux enchères Arqana. Fort d’une excellente réputation en France, Artcurial a investi dans une Maison de vente de chevaux de course dont la plateforme principale est à Deauville où ont lieu des ventes prestigieuses de Yaerlings chaque année. J’ai rencontré les responsables d’Arqana et nous avons créé « The Auction » présenté par Arqana. Notre sport évolue et j’estime qu’il faut transformer le commerce des chevaux comme on a transformé le commerce de l’art ces 35 dernières années. Donc rendre tout officiel et visible. L’expertise d’Arqana dans les chevaux de course peut donc être amenée dans le domaine des chevaux de jumping et la mienne et celle de mes clients, dans les chevaux de course. Ces deux communautés avec un pouvoir d’achat extraordinaire pourraient s’échanger des produits. Les uns pouvant investir chez les autres et inversement. La première vente s’est très bien passée. En février dernier nous avons vendu en live à Hong Kong dans le cadre de la Asia Horse Week et à Deauville, mais aussi via Internet, en proposant une vingtaine d’embryons issus de souches remarquables.
Notre objectif est de procurer la meilleure offre du marché à la meilleure demande. Pour la prochaine étape, on va sélectionner les meilleurs chevaux en expliquant aux propriétaires qu’on va les mettre en scène en décembre prochain dans le plus bel endroit de Paris : le Cirque d’Hiver, et devant les meilleurs clients du monde. Nous communiquons sur cette vente, au travers de nos événements en Asie, en Amérique et en Europe, partout où EEM organise ses événements… Tout se tient. Cette rencontre entre les chevaux de course et les chevaux de saut à travers Arqana peut apporter des synergies aux deux disciplines. Notre sponsor Longines est présent à la fois dans les courses et les jumpings. Et à terme, pourquoi ne pas envisager un événement où les deux disciplines se disputeraient de concert…
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