29/12/2017 - Portraits
Les talents
Du Champion de Belgique de saut d’obstacles
Si on avait dit à Grégory Wathelet, lorsqu’il avait quinze ans, qu’il vivrait et ferait tout ce qui a forgé son parcours jusqu’à présent, il ne l’aurait pas cru. H Equestrian Passion l’a rencontré dans ses écuries.
La ferme familiale, un petit poney… La passion de Grégory Wathelet pour les chevaux date de son enfance. « M’occuper de ce poney m’a tout de suite beaucoup plu », confie le champion belge. Et lorsque son père, observant ses aptitudes, lui offre un poney plus grand qu’il faut débourrer, le jeune garçon s’en acquitte avec succès. Le voisinage lui demande également de venir monter l’un ou l’autre cheval. Et de fi en aiguille, il se prend au jeu. Toujours en autodidacte.
L’esprit de compétition
Dès l’âge de dix ans, il participe à des concours. Très sportif de nature, il joue également au foot. « J’ai toujours aimé la compétition », poursuit-il, « c’est ce qui m’a sans cesse incité à me battre, à continuer, à revenir ». Dès le départ, à tous les niveaux, il essaie de gagner. Monter le plus de chevaux possible, participer à un maximum d’épreuves, voilà qui est son moteur et qui le fait avancer. Et cela a bien évidemment entraîné des choix. A dix-huit ans, continuer ou non ses études, notamment. Car aimer la compétition ne l’empêche pas d’être également enclin à étudier. Après avoir entamé des études supérieures, il doit se rendre à l’évidence : comme il s’occupe tous les jours lui-même des chevaux, c’est impossible à concilier avec un parcours académique classique. Il décide alors de se consacrer à l’univers équestre. « Je me suis dit que j’allais tenter le coup, ne fût-ce qu’un an ou deux, et que si cela ne marchait pas je pourrais toujours reprendre mes études », explique-t-il. Et à partir de là, tout s’est enchaîné positivement. A dix-neuf ans, Grégory Wathelet s’installe à son compte. « C’était le lancement, et le but était de pouvoir en vivre ».
En dehors des compétitions, il prend donc en charge des chevaux de tous niveaux, dans les écuries qu’il a louées ou en se rendant chez les propriétaires. « Je faisais des journées de folie, je montais quinze chevaux par jour », se souvient-il. Partant « avec zéro », comme il le rappelle, il n’a pas d’autre alternative que de travailler à ce rythme pour bâtir les fondations de son rêve équestre et rentrer plus à fond dans le milieu professionnel. Mais, d’un point de vue sportif, cela n’en est pas moins assez compliqué. Alors, lorsque le Haras des Hayettes lui propose de rentrer dans son giron, cette nouvelle expérience professionnelle lui ouvre des perspectives qui lui permettent de se concentrer sur la compétition. Il y reste 4 années. « C’était une jeune écurie avec beaucoup de potentiel, nous avons bien évolué ensemble », se souvient-il. Il obtient d’ailleurs de très nombreux titres avec ces jeunes chevaux – comme notamment celui de Champion de France des chevaux de 5 ans, Champion du Monde des 6 ans, ou Champion de France et de Belgique des 7 ans. Reconnu en Belgique et en France, il lui faut encore passer quelques crans pour l’être vraiment internationalement. « J’avais mis un pied chez les grands, et j’avais envie d’y mettre le second ! », sourit cet extraordinaire compétiteur.
Vers les sommets
Début 2005, il a déjà intégré le Top 30 du classement mondial. Il opte alors pour un changement de taille : il rejoint l’équipe ukrainienne de l’industriel Alexander Onyschenko. Ce faisant, contraint de changer de nationalité, il défend alors les couleurs de l’Ukraine. Très brillamment d’ailleurs - même si cela représente pour lui un sacrifice -, puisqu’il devient à cette époque numéro 13 mondial. Il est aux portes du Top 10, participant aux concours hippiques les plus réputés du monde. En 2006, il participe aux championnats du monde à Aix-la-Chapelle et prend la 4ème place par équipe.
Retour aux sources
Mais défendre ses couleurs natales lui manque, et après deux ans le champion décide de rentrer en Belgique. Il retrouve la campagne condruzienne et les terres de son enfance, et décide d’y créer sa propre écurie, dotée d’infrastructures modernes de qualité. Il a son nom, son expérience, et il sait ce qu’il veut : c’est le moment. Ce qu’il souhaite, c’est instaurer son propre système de travail et d’organisation. C’est-à-dire ? « Je ne voulais pas faire une écurie basée uniquement sur le commerce et le court terme ». Ce que Grégory Wathelet recherche, c’est plutôt une forme de stabilité, que ce soit dans le travail des chevaux ou dans les relations avec les propriétaires – des relations basées sur le long terme et la confiance. Sa « bonne réputation » est une valeur très importante pour lui. En témoigne les liens qu’il entretient tant avec les propriétaires qu’avec les gens avec lesquels il travaille. « Ce sont tous des passionnés ». Et pour en revenir au système qu’il a mis en place, « c’est un tout, avec une cohérence, un plan et une manière de travailler les chevaux », poursuit-il.
Un état d’esprit
Et côté compétitions ? Grégory Wathelet collectionne toujours plus les médailles. A titre d’exemple, il remporte en 2012 la Coupe des Nations du prestigieux CSIO de la Baule. La même année, il participe aux Jeux Olympiques à Londres et atteint la finale individuelle. Ou encore, en 2015, il fait partie de l’équipe belge victorieuse de la finale de la Coupe des Nations à Barcelone. Au sein de son écurie, outre divers pôles d’activités, il compte un piquet d’une dizaine de chevaux. « Je pars du principe qu’à partir du moment où les chevaux rentrent dans mon piquet, si je décide de prendre tel cheval pour telle compétition, je le fais dans l’intérêt de chacun, celui du propriétaire comme le sien ». Un choix basé à chaque fois sur l’expérience et les différents paramètres du cheval – sachant qu’il a plusieurs chevaux de tête. « Je le fais comme si le cheval était à moi », poursuit-il. Et au final, cela s’équilibre bien entre les chevaux, la saison étant longue et chacun d’eux faisant en moyenne une quinzaine à vingtaine de concours de haut niveau sur l’année. « Le but est aussi de créer une ambiance, une atmosphère entre tout le monde, une mentalité où on gagne ensemble », insiste-t-il. Et si, à l’heure actuelle, le cheval est devenu un athlète complet – et traité comme tel -, gagner est, indéniablement, une remarquable histoire de travail d’équipe. La victoire de Grégory Wathelet en selle sur Corée au CHIO d’Aix-la-Chapelle (GER), l’un des Majeurs du Grand Chelem, cet été, en est un superbe et édifiant exemple.
www.gregorywathelet.com
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