24/09/2018 - Reportages

par Olivier Maloteaux - photos : Patrick Bika

Le cheval guérisseur

En visite à l’hôpital Villa Santa Giuliana

Les chevaux peuvent aider à guérir certains troubles physiques et psychiques. Découverte d’un centre d’équithérapie, dans le nord de l’Italie.

par Olivier Maloteaux - photos : Patrick Bika

Le cheval guérisseur

En visite à l’hôpital Villa Santa Giuliana

Les chevaux peuvent aider à guérir certains troubles physiques et psychiques. Découverte d’un centre d’équithérapie, dans le nord de l’Italie.

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Docteur Antonio Straforini, Sœur Celidonia et Docteur Amadeo Bezzetto

L’établissement se situe à quelques encablures du lac de Garde, au nord de Vérone. La beauté des lieux ne suffit toutefois pas à mettre l’humain à l’abri des tourments. Et ici comme ailleurs, le cheval peut apaiser le corps et l’esprit. L’hôpital Villa Santa Giuliana pratique l’équithérapie, méthode par laquelle le cheval, d’abord médiateur, peut se muer en guérisseur. Une technique qui fonctionne, comme le prouve le sourire retrouvé de Carla, jeune interne que nous avons accompagnée au manège. Sa rencontre avec les chevaux l’a remise sur le chemin de la vie. Elle parcourt désormais chaque jour 5 kilomètres à pied pour offrir une carotte à son cheval, Saluta, qui lui a redonné confiance et espoir. En amont de cette guérison, il y a le travail d’une équipe. Nous avons rencontré les docteurs Antonio Straforini et Amedeo Bezzetto, ainsi que Michele, l’éducateur et la responsable du manège Linda.

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Grâce au soutien de Longines, l’hôpital a pu développer l’activité d’équithérapie, qui n’aurait pas pu exister sans cette aide...

Docteur Antonio Straforini, présentez-nous votre hôpital et son histoire ?

L’hôpital appartient aux Sœurs de la congrégation « Sorelle della Misericordia ». Il a été créé pour la réhabilitation sociale de personnes qui sont fragilisées psychologiquement. Tout commence en 1904, lorsque le Signore Giovanni Gagliardi, industriel à Vérone, lègue un terrain à sa fille, Olga. Celle-ci fait partie des Sœurs de la Miséricorde, sous le nom de Sœur Celidonia. Sur ce terrain se trouve un bâtiment que les Sœurs vont progressivement rénover pour accueillir des sœurs à la retraite, puis des personnes fragilisées mentalement. La tradition des Sœurs, c’est qu’elles étaient infirmières ; elles ont donc cette caractéristique d’aider les malades depuis toujours. Et l’hôpital a été créé officiellement en 1951.

Quelle est aujourd’hui l’implication des Sœurs dans l’hôpital ?

L'hôpital est géré par l’Institute « Sorelle della Misericordia ». Le rôle des sœurs présentes est de sauvegarder le Charisme, afin que la Miséricorde soit le point d'appui sur lequel tourne la conduite des personnes qui travaillent ici.

Quel est le profil de vos patients ?

Les patients sont des adultes et adolescents. Les adultes sont accueillis pour une période de 30 à 90 jours maximum. Les adolescents, âgés de 14 à 18 ans, y séjournent pour des périodes de 30 à 90 jours. Il y a des patients internes et externes. Ces derniers rentrent donc chez eux le soir. L’hôpital reçoit des subsides de l’État italien et les patients ne doivent pas participer aux frais de traitement. Grâce au soutien de Longines, l’hôpital a pu développer l’activité d’équithérapie, qui n’aurait pas pu exister sans cette aide. L’hôpital a commencé l’équithérapie en 2012.

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Docteur Amedeo Bezzetto, vous êtes responsable de la réhabilitation pour les adolescents. Comment est née l’idée de l’équithérapie ?

Avec les adolescents, il nous est parfois difficile d’entrer dans une relation de confiance. Ils ne veulent pas toujours parler avec nous et les psychothérapies peuvent donc échouer. Nous devons chercher d’autres thérapies et le cheval en fait partie. Il se place entre le thérapeute et l’adolescent. Une sorte de médiateur, qui aide à faire naître la relation entre l’adulte et l’adolescent. Il existe certes d’autres médiateurs, comme la musique, l’art, le sport, le jeu, etc. Mais il s’agit là de médiateurs « statiques », alors que le cheval est un être vivant. Il est joueur et invente des situations qui permettent de créer une harmonie dans la relation avec le jeune. Par ailleurs, le cheval est un animal fondamentalement bon et gentil. C’est un herbivore, pas un carnivore. Il est grand et imposant, pesant environ 700 kilos, mais il ne fait pas peur. Les adolescents en difficulté s’appuient sur cet animal avec confiance. Ils deviennent fidèles au cheval, qu’ils voient comme un allié. La relation devient très émotive, affective. Et cette relation avec le cheval est gratuite, alors que les hommes exigent parfois quelque chose en retour. Le cheval donne sans jamais rien demander. C’est un animal très généreux, qui apporte aux jeunes de la satisfaction et les rend plus positifs.

Parlez-nous du manège qui accueille les jeunes patients.

C’est un manège indépendant, tout à fait conventionnel, mais qui dédie une partie de son temps à l’hôpital. Nous y déléguons un éducateur spécialisé et le manège met à notre disposition un instructeur. Tous deux travaillent ensemble. Les patients se rendent au manège un jour par semaine. Le matin est réservé aux internes et l’après-midi aux externes.

Et l’éducateur, comment travaille-t-il ?

L’éducateur a une formation spécifique, dédiée aux adolescents en difficulté. Il s’appelle Michele. Il est cavalier, passionné des chevaux. C’est lui qui accompagne les jeunes au manège. Il travaille avec l’instructrice, Linda, qui fait donc partie du manège.

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Michele connaît l’histoire de chaque enfant. Linda, elle, se concentre sur l’animal. Elle choisit le cheval adapté à chaque patient, en optant par exemple pour un animal plus petit ou plus calme pour un patient fort anxieux.

Quel résultat constatez-vous après la séance?

Il y a des périodes d’évaluation et de tests. Mais déjà dès la fin de la première séance, on remarque des sourires sur le visage. Ils sont plus détendus, semblent plus heureux et plus sereins.

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Linda et sa famille

LORSQUE LES ADOLESCENTS QUITTENT VOTRE CENTRE, CONTINUENT-ILS L’ÉQUITHÉRAPIE ?

Les patients viennent de toute l’Italie, du Nord comme du Sud. Quand ils repartent chez eux, beaucoup cherchent un club équestre à proximité de leur domicile. Mais malheureusement, l’équithérapie n’est pas encore très répandue en Italie. Certains jeunes continuent donc à monter à cheval, mais sans réel traitement.

Michele, vous êtes l’éducateur, expliquez-nous votre travail au manège ?

Nous commençons par donner des points de repère aux adolescents. Chacun reçoit une selle qu’il devra utiliser lors de chaque séance. Avant de monter, le jeune doit aussi s’occuper du toilettage et de la préparation de son cheval. Après avoir monté le cheval, le jeune est chargé de le rentrer, de ranger le matériel et de nettoyer le tout. Nous travaillons beaucoup sur le côté émotionnel : sur les peurs et les angoisses, mais aussi sur les émotions positives, de joie. La notion d’entraide tient également une place de choix : les jeunes collaborent entre eux. L’objectif est de leur apprendre à mieux gérer leurs émotions. Et les résultats dépassent bien souvent les espérances…

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