Ses études le poussent vers les mathématiques, qui lui ouvriraient la voie vers les étoiles, il aurait voulu être astrophysicien ! Ce sera un long voyage fait de tours, détours et virages avant qu’il ne s’engage sur le chemin de la création. Il essayera la peinture, la bande dessinée, puis le bas-relief, la pierre. Mais c’est vers le métal que Pierre se tourne pour créer un univers qui lui est propre.
De l’enfance à l’âge adulte, sa vie et sa quête de soi sont marquées par la confrontation à la machine. Conflictuelle ou fusionnelle, volontaire ou subie, plaisante ou contraignante, cette confrontation à la technologie est devenue avec le temps le coeur de son travail d’artiste, à la fois moyen et symbole de son expression.
C’est en martelant, soudant, meulant, qu’il en est venu à composer sa symphonie universelle. De la même manière que le métal claque, tonne et vibre, Pierre Matter chante sa vision du monde avec la violence des forges antiques et la frénésie des usines contemporaines. Pierre Matter se considère comme un récupérateur. Il déniche de petites merveilles parmi ces pièces de métal industrielles mises au rebut. Il se sent comme un enfant sur un tas de sable, mais en lieu et place du sable, c’est une montagne de métal !
Il aime à leur donner une seconde vie, les mêler au cuivre, à l’inox, au laiton et au bronze. C’est ainsi que naissent taureaux et chevaux, lions et baleines, femmes, déesses et navires... autant d’hybrides chimériques et sublimes. Entre Jules Verne et Metropolis, Jodorowsky et Bilal, ses créatures fantastiques émergent du magma du savoir-faire humain.
La taille massive de ses sculptures contraste avec sa délicatesse et son savoir-faire, avec la méticulosité et l'impression de fragilité qui naissent de son souci du détail technique. Chaque câble, chaque élément hydraulique et de connexion confère un réalisme terrifiant à ses pièces. Les sculptures qui émergent de cette pile de métal racontent ce que nous sommes et ce que sera notre futur, explique Pierre Matter.
La confusion constante de contrôle des matériaux et des composants conduit à une profonde réflexion sur la relation entre les humains, les animaux et la technologie. Il est rare que les défis auxquels fait face une civilisation entière soient si clairs : par l'intermédiaire de sa double négation, celle d'un hybride nature-machine, rappelant en permanence l'excès, l'intervention humaine et, par sa domination illimitée sur la réalité, sa propre division.
Pierre Matter travaille et expose depuis plus de 20 ans. Il est visible à travers le monde, Paris, New York, Shanghai, Dubaï, Singapour, Hong-Kong... Depuis peu, il a quitté son Alsace natale pour aller vivre en Touraine.
Le cheval dans le travail de Pierre Matter
Parmi les animaux utilisés par Pierre Matter, les chevaux constituent un thème récurrent. Il se concentre souvent sur la figure équine. Avant tout en raison de son esthétique, car la silhouette et la puissance de l'animal en mouvement en font un sujet intéressant. Les relations des chevaux avec les humains depuis le début de leur coexistence en font également un symbole fort. Les chevaux ont toujours été présents, que ce soit pour remplir des activités quotidiennes, travailler dans les champs ou transporter des charges et des personnes. Avant de céder sa place aux machines, le cheval a laissé son empreinte : la puissance, en réalité l'image la plus symbolique du travail de Pierre, celle de la dualité de la nature et de la technologie que l'on retrouve dans ses créatures.
Les "chevaux" de Pierre Matter dégagent force, puissance mais aussi fragilité, peut-être effrayés de leur nouvelle condition d’hybride moitié machine. Malgré tout, ils restent splendides et majestueux, comme dans l’effort de la course. Le cheval a toute sa place dans l’univers de Pierre Matter, son "Cheval Mecachrome" en est le plus bel exemple, il est construit de cuivre et d’inox autour d’un moteur de Formule 1 de 600 chevaux !
www.pierrematter.fr
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